Article publié le
20/4/2022
Portraits

Rencontre avec Rita-Adèle, cheffe à La Traversée

Nous avons rencontré Rita-Adèle en entrevue pour mieux comprendre son quotidien.

En tant que cheffe mais aussi en tant qu'utilisatrice de la plateforme Arrivage.

Peux-tu te présenter rapidement?

Rita-Adèle Beaulieu, cheffe à La Traversée depuis 6 ans.

Quel est le chemin qui t’a mené vers ton métier actuel?

Quand j’étais très jeune je travaillais en cuisine pour la simple raison que j’avais des problèmes alimentaires, je me sous-alimentais. C’était ma seule manière de résister à un plus gros déclin. J’ai toujours adoré manger et pour moi la seule manière de m’alimenter c’était par le toucher et l’odeur des produits.

Ensuite pour des raisons familiales, j’ai dû trouver un travail qui me permettait de rapporter de l’argent à la maison. J’ai travaillé pendant 10 ans dans une banque mais je m’étais toujours juré que le jour où je quitterai la banque je retournerai en cuisine.

Ça fait maintenant environ 8 ans que je suis retournée en cuisine.

Pour répondre à pourquoi je suis devenue cheffe, en réalité c’est un peu par intérêt. Ce n’est pas évident d’être une femme en cuisine, c’est un milieu assez misogyne, bien qu’aujourd’hui je pense que c’est mieux parce que ces situations ont été dénoncées. Quand j’ai commencé à La Traversée, j’étais responsable de la cuisine, puis cheffe par intérim. Mon but était vraiment de ne pas reproduire ce que j’avais connu avant et qui était assez infernal.

Je n’ai pas envie de genrer le discours mais je pense que la cuisine de La Traversée est assez féminine, avec une approche plus féminine, autant auprès des consommateurs (les plats) que de la brigade.

Mon envie de ne pas reproduire les mêmes schémas se retrouve dans ma manière de travailler, en fonctionnant par coopérative. Je n’ai pas de sous-chef.fe, je suis la cheffe et ensuite chacun à ses responsabilités, ce qui fait que tout le monde est impliqué.

80% des produits achetés sont des produits locaux.

Quels sont tes objectifs et ambitions?

Je dirais que c’est de conserver la force et le courage de me battre pour mes convictions. On a une cuisine assez politisée avec très peu de déchets alimentaires, maximum 10%. J’en fait vraiment mon cheval de bataille. Mes menus aussi tournent beaucoup autour de la récupération des aliments.

Ensuite, je veux vraiment garder le côté local, achat local. Pour les aliments qui ne le sont pas, cela devient plus politique. Dans ces cas-là les produits sont choisis en fonction des retombées sur le pays ou la région qui en a besoin. Par exemple pour l’huile d’olive de Palestine, je veux vraiment que l’argent soit redistribué aux palestiniens pour la replantation d’oliviers.

Les produits sont choisis avec soin. Environ 80% des produits achetés sont locaux et les autres 20% sont choisis en fonction de la retombée positive que leur achat va avoir. Il y a toujours eu de l’affect dans mes choix.

Comment décrirais-tu Arrivage en 3 mots?

Facilité, rapidité et passion.

Ce qui ressort de mes échanges avec vous et des retours que j’ai eus sur vous, c’est que vous êtes conscients et sincères. Je peux dire la même chose de Vincent de La Cache Verte qui m’appelle pour des petits détails, c’est vraiment ce que j’affectionne le plus dans mon métier.

Arrivage a facilité/amélioré quelle partie de ton travail?

Arrivage a enjolivé mon hiver. En été je fais affaire avec deux fermes, mes menus sont faits en fonction de leurs disponibilités mais en hiver je trouvais ça difficile de m’approvisionner auprès de petits maraîchers. Puis on m’a conseillé d’aller vers Arrivage.

En été on a un potager et je vais également continuer à faire affaire avec les deux fermes dont je vous parlais plus tôt. Mais Arrivage va me permettre de compléter, et ça m’a aussi permis de découvrir d’autres choses.

Quel est l’avantage pour toi de travailler sans intermédiaire?

Le contact direct. J’ai besoin de connaître leur histoire et je veux aussi pouvoir sélectionner les personnes avec qui je fais affaire. J’ai envie de travailler avec des gens passionnés.

Retrouves-tu la même facilité de relation producteurs?

Un peu moins. Le premier contact étant indirect, ce n’est pas avec tout le monde qu’on développe un lien. C’est juste différent mais ça ne veut pas dire que le lien ne peut pas se créer.

Être sur Arrivage change-il la manière dont tu achètes les produits?

Non.

Une belle découverte produit sur Arrivage?

Pas encore ! On est sur la saison creuse de l’hiver mais je pense que cet été l’éventail des produits sera plus large. Je parlerais quand même des fleurs comestibles de Fleurs et Feuilles Gourmandes, là j’ai découvert un nouveau produit.

Un coup de cœur fournisseur?

Je dirais La Cache Verte.

Le mot de la fin: Merci d’exister ! Ça facilite vraiment la vie. Merci aussi d’encourager et de mettre en avant tous ces producteurs, ça fait vraiment plaisir.

Thomas est passionné par l'agriculture et l'écologie. Il part à la rencontre des producteurs et des cuisiniers pour partager sa passion et vous faire découvrir les enjeux qui se cachent derrière l'assiette.